L’Union Latine du 23 décembre 1865
par Pascal Trichet | Janvier 7, 2019 | Marchés financiers
Je profite de cet article sur les prémices de notre monnaie pour souhaiter à toutes et à tous le meilleur de ce qu’il peut espérer pour cette nouvelle année 2019.
Venons-en à « L’union latine » :
La Belgique du roi Léopold II, la France de l’empereur Napoléon III, l’Italie du roi Victor-Emmanuel II et la Suisse signent une convention monétaire à l’initiative de l’empereur des Français. Il s’agit de la naissance de la première union monétaire : « L’Union Latine » qui a été oubliée depuis.
Le principe retenu par les cocontractants est simple : les monnaies de référence de chaque pays de l’Union ont le même poids d’or fin, gardent leur nom et conservent leur symbole national. Ces monnaies et leurs subdivisions peuvent circuler indifféremment dans tous les pays de la Convention. Il est alors possible de payer à Bruxelles ou Paris ses achats avec des lires ou des Francs suisses, ce qui est considéré alors comme une belle avancée !
Le précurseur de l’Union latine est Napoléon 1er, qui a, en son temps, imposé dans les pays soumis à la France une référence monétaire commune :
Le Napoléon c’est-à-dire une pièce de 5,80 grammes d’or fin, d’une valeur de 20 Francs. Dans une lettre rédigée en 1806 à son frère Louis, alors roi de Hollande et qui est le père de Louis Napoléon Bonaparte, le futur Napoléon III, en 1806, mentionne « Mon frère, si vous faites frapper de la monnaie, je désire que vous adoptiez les mêmes divisions de valeur que dans les monnaies de France et que vos pièces portent, d’un côté, votre effigie et, de l’autre, les armes de votre royaume. De cette manière, il y aura dans toute l’Europe uniformité de la monnaie, ce qui sera d’un grand avantage pour le commerce ».
Après le chaos de Waterloo et l’effondrement de l’Empire, la référence au Napoléon est provisoirement abandonnée.
En 1830, la Belgique, en gagnant son indépendance, y revient afin d’asseoir sa monnaie sur une base solide. L’Italie ne fait pas autrement à l’heure de son unification. Enfin, en 1851, le territoire helvète choisit à son tour une pièce de 20 francs suisses ayant la même caractéristique de 5,801 grammes d’or fin. La convention de 1865 concède à ses signataires le droit de se retirer de l’Union quand ils le souhaitent. De nombreux pays la rejoignent, comme la Grèce, le 8 octobre 1868. Ce sont 26 pays qui adhèrent à l’Union latine, de l’Argentine à la Finlande, mais à l’exception de l’Angleterre et de l’Allemagne !
La Convention admet, à côté de pièces en or, des monnaies divisionnaires en argent. Ce bimétallisme va poser problème en raison de l’enrichissement de l’argent par rapport à l’or. L’Union latine a très bien fonctionné pendant plusieurs décennies, ce qui atteste un au niveau d’intégration alors atteint par l’Europe.
Ceux qui veulent en savoir plus suivent ce lien.
Je plaidai sur ce même site du Club de La Corbeille le 19 octobre 2018 pour une hausse de l’once d’or qui s’est appréciée de 5% depuis. L’once d’argent n’est pas en reste puisqu’elle a, quant à elle, progressé de 6% …. 5% ou 6% en un trimestre, mieux qu’un livret A, non ?
Compte tenu des perspectives de moindre croissance mondiale, de déstabilisation politiques et géopolitiques, ces tendances devraient se poursuivre.
À tout bon lecteur.